Message du président : Au lieu de se traiter de tous les noms, concentrons-nous sur les enjeux
De toute évidence, il est plus facile de recourir aux insultes que d’aborder ouvertement l’opposition exprimée par la Commission scolaire English-Montréal au projet de loi 96.
Au cours des deux dernières semaines, nous avons été qualifiés de groupe radical par notre premier ministre et critiqués lors du débat des chefs fédéraux, et nos propos sont maintenant condamnés dans une résolution de l’Assemblée nationale.
Le 1er septembre nous avons adopté une résolution, laquelle a été annulée le 11 septembre. Le même jour, nous avons adopté une nouvelle résolution confirmant nos préoccupations à l’égard du projet de loi 96, tout en retirant la référence controversée à la nation québécoise. Pourtant, le gouvernement du premier ministre Legault a choisi de faire adopter par l’Assemblée nationale une motion condamnant notre résolution originale.
De notre point de vue, la seule raison de ce comportement bizarre est que le premier ministre semble prêt à faire n’importe quoi pour détourner l’attention de l’opposition légitime à son projet de loi.
Soyons clairs, la Commission scolaire English-Montréal ne se laissera pas intimider.
Nous nous sommes opposés au projet de loi 21 parce que l’interdiction du port de symboles religieux par nos enseignants était en contradiction avec nos valeurs et notre mission, de même qu’avec les valeurs de l’ensemble des Québécois et des Québécoises, exprimées dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Cette interdiction a eu un impact négatif sur notre personnel et sur la culture de nos écoles et de nos centres et a obligé des personnes à choisir entre un emploi au gouvernement et leur désir de porter des éléments à caractère religieux. Nous avons dû refuser des emplois à certains candidats qualifiés et des promotions à d’autres. Et beaucoup n’ont tout simplement pas postulé certains emplois.
Plus important encore, la loi 21 envoie un message d’intolérance et d’exclusion à nos élèves et à leurs familles.
De la même façon, le projet de loi 96, qui a recours de façon préventive à la clause dérogatoire pour contourner à nouveau la charte québécoise, va à l’encontre de notre objectif sociétal qui est de promouvoir la coexistence pacifique au sein d’un Québec pluraliste où le français est la langue commune. À la CSEM, notre vision est celle d’un Québec inclusif où les gens de toutes origines ont la possibilité de contribuer et où l’on célèbre notre diversité.
La CSEM appuie la promotion du français. Nous sommes fiers de notre programme d’immersion française et des mesures que nous avons prises pour veiller à ce que nos finissants soient capables de vivre et de travailler en français. Et nous appuyons le droit universel à l’instruction en français qui est proposé dans le projet de loi 96.
Mais le projet de loi 96 suscite des problèmes au-delà de ce que le QCGN a appelé la création d'une zone sans charte. Ces problèmes comprennent, sans s'y limiter :
- Nous nous joignons à nos collègues de la Commission scolaire Eastern Townships, de l'Association des comités de parents anglophones, de l'Association des écoles privées du Québec et de la Fédération québécoise des associations foyers-écoles pour demander le maintien du statu quo en ce qui concerne l'accès des enfants de travailleurs temporaires aux écoles anglaises. Bien que le nombre d'élèves concernés soit relativement faible, le nombre d'inscriptions dans les écoles anglaises a diminué au cours des quatre dernières décennies et toute nouvelle restriction de la fréquentation nuit à notre système scolaire. Cela nuira également aux efforts de recrutement de talents dans notre province.
- Seuls les membres de la communauté anglophone qui sont déclarés admissibles à l’enseignement en anglais pourront recevoir certains services gouvernementaux en anglais. Le projet de loi limite ensuite la prestation de certains services en anglais aux nouveaux arrivants aux six premiers mois suivant leur arrivée dans notre province.
- Les représentants de l’Office de la langue française auront le droit d’effectuer des perquisitions et des saisies sans mandat et sur la base de signalements anonymes.
- Les restrictions à l’utilisation de l’anglais dans le système juridique entraîneront des retards dans l’accès à la justice et des coûts plus élevés pour les Québécois d’expression anglaise.
- Le projet de loi limite les services que les municipalités peuvent fournir en anglais en restreignant la possibilité d’embaucher des employés bilingues et en créant de nouvelles pénalités sur la prestation de services dans une langue autre que le français.
Au bout du compte, le projet de loi 96 ne reflète pas le Québec où nous voulons vivre et que nous voulons bâtir ensemble. Nous ne sommes pas des radicaux. Nous sommes tout simplement des Québécois de langue anglaise désireux de travailler avec nos voisins pour bâtir une société accueillante où chacun d’entre nous peut se sentir chez soi.